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« Vous croyez que le monde est un supermarché où tout s’achète, tout se vend ? »

librement inspiré de la nouvelle « Aux Champs » (1882) de Guy de Maupassant · adaptation, texte, scénographie et mise en scène Laurent Leclerc · avec Nati James · Karine Herrou Gonzalez · Louise Leclerc · Bastien Spiteri · Magali Paliès · Isidoro Fernandez Roman · François Aria en alternance avec Paul Buttin et Cristobal Corbel · création lumière & régie générale Emmanuelle Faure · renfort régie Guillaume Gédouin · une production Barouf - Cie avec le soutien de l'EMS - École de mise en scène de Paris, de l'ARCAL - Cie Nationale de Théâtre lyrique, de  · Remerciements Catherine Kollen et ses équipes, Alexis taillant et son équipe de Wendigo Films, Éric Aurégan 

Note d’intention de Mise en scène

A l’heure ou les écrans et les micros pullulent sur nos scènes, j’ai ressenti le besoin de renouer avec un théâtre brut, dépouillé de toute technologie, de tout artifice. Les corps, les voix, les paroles, les chants, la musique — tout est transmis dans sa forme la plus directe, la plus sincère.

J’ai aussi chercher à réduire la frontière scène/salle au profit d’une proximité sensible avec le public, qui renforce l’impact émotionnel de chaque geste, chaque silence. Je cherche à renouer avec le pouvoir ancestrale d’un théâtre organique — un théâtre où l’on voit la sueur sur le visage et le corps des interprètes, où l’on sent physiquement les coups de la danse flamenca, les vibrations du jeu, du chant et de la musique.

Pour restituer toute la complexité humaine et culturelle de ce drame social cruel, j’ai choisi d’ancrer ma mise en scène dans l’univers du flamenco, art tragique et cœur de la culture gitane. Les interprètes des voyageurs — comédiennes, danseuses de flamenco, guitariste, percussionniste — sont directement issues ou profondément imprégnées de cette culture. Leur présence sur scène insuffle au spectacle l’énergie brûlante, l’intensité et l’authenticité des tablaos de Séville, ces lieux de communion où musique, chant et danse s’entrelacent dans une tension palpable.

Afin de faire résonner le contraste entre les communautés gitanes et bourgeoises, j’ai introduit dans le couple bourgeois un contrepoint fort : une chanteuse lyrique. La voix lyrique apportent une tension dramatique et sonore qui symbolise la fracture sociale au cœur du récit, mais portent aussi en elle une possible réconciliation.                                                          

Les frottements du chant lyrique, du jeu, de la danse et des rythmes flamencos créent un paysage sonore inédit, riche en contrastes, où les identités s’affrontent, se cherchent, se frôlent. Et si les dieux du théâtre sont avec nous, alors peut-être verrons-nous, au creux d’un souffle ou d’un silence, d’un geste ou d’un regard, dans la brûlure d’un cri ou la tension d’un corps, naître une vérité nue, incandescente — celle d’une humanité partagée, offerte à vif, fragile et fière, comme une braise sur le planché, prête à s’embraser.

Laurent Leclerc, Sevilla 2023 - Paris 2025